Coopération agricole franco malgache en dehors du réseau REAP AAOI : le lycée agricole d'Arras (Haut de France) et le lycée de Vavatenina ( Province de Toamasina) Madagascar

 Le lycée agricole de la ville d'Arras (Campus Agro Environnemental 62)  dans la région des Hauts de France coopère depuis des années avec le lycée Manampisoa  de la ville  Vavatenina dans la Province de Toamasina à l'Est de Madagascar. Fier de cette coopération autour de l'apiculture principalement  le directeur de Manampisoa accompagné d'un représentant du lycée d'Arras (Patrick Schraen ,ingénieur agronomie, enseignant à Arras)   avait assisté à la conférence du réseau REAP AAOI d'Antsirabe en 2018 . Depuis le COVID comme de nombreux projets,  les échanges s'étaient arrêtés,  mais en avril 2023 , les 2 établissements étaient prêts pour redémarrer les échanges . De nombreuses perspectives en vue.

Découvrez l'article partagé sur cette belle expérience de coopération  par Patrick Schraen,  responsable du projet.   

Les élèves du Campus Agro Environnemental 62 et du lycée  Manampisoa de Vavatenina de Madagascar se retrouvent autour de plusieurs chantiers 

Dans le cadre de la coopération internationale avec le lycée Manampisoa de Vavatenina (Madagascar), 18 élèves et étudiants de la seconde au BTS se sont rendus pendant les vacances de Pâques à Madagascar. Ils étaient accompagnés par trois professeurs du campus : Patrick Schraen, Manon Saint Pol et Cyril Plessis, ainsi que par quatre membres de l'ACAM (Association de Coopération Arras Madagascar (Damien Jovinel, son président, Anne-Hermine Corrion, Matthieu Napoléon et Mickael  Stienne).

 Après 48h de trajet en bus, avion et taxi-brousse, une crevaison, un deuxième problème mécanique, une cérémonie d'accueil par le préfet et le gouverneur de la Province de Toamasina, puis une deuxième cérémonie d'accueil par la maire et la proviseure, le chantier a enfin pu commencer.

 

Les  18 élèves d’Arras  et environ 70 élèves malgaches se sont répartis en 4 groupes (apiculture, aménagement, sentier d'interprétation et pépinière) et ont commencé par faire un état des lieux des besoins avant de décider des actions à mener lors des 7 jours de chantier à venir. Chacun des groupes était encadré par une équipe d'enseignants composée d'enseignants malgaches et français.

 Fort de l'expérience acquise lors des précédents chantiers, un grand nombre de projets ont pu être menés à terme :

    Pour le groupe apiculture : réalisation de 5 nouvelles ruches

    Pour le groupe aménagement : réalisation d'une clôture en bambou, longue de 300 mètres, afin de répondre à la demande faite par les malgaches, qui était d'empêcher les gens extérieurs au lycée d'entrer dans l'enceinte du lycée pour y faire paître leurs zébus.

    Pour le groupe pépinière : défrichage d'un espace, création d'un mur d'enceinte, préparation de la terre, installation d'un toit végétal pour protéger les cultures et plantation d'un certain nombre de plants d'espèces locales.

    Pour le groupe sentier d'interprétation : installation de panneaux pédagogiques en français et malgaches dans trois lieux historiques et culturels de la ville, plantation de l'Artemisia annua (plante permettant de se protéger et de soigner le paludisme), fabrication d'un bac à compost et animation de deux séances de sensibilisation dans deux fokontany (quartiers) à propos de l'Artemisia annua et de la gestion des déchets.

Parallèlement à ces activités de chantier, les élèves ont pu également découvrir la vie à Vavatenina par plusieurs visites (l'école primaire ; l’hôpital ; la bibliothèque) et en participant à la messe du dimanche matin (pas de grasse mat' même le dimanche : la messe commence à 7h !) egalement en partageant la vie d'une famille malgache le temps d'un dimanche (par groupe de deux ou trois élèves, accompagnés d'un encadrant français); enfin en visitant l'élevage de pisciculture d'un des élèves du lycée de Vavatenina.

 Pour le dernier jour à Vavatenina, tous les groupes se sont rassemblés pour faire une randonnée jusqu'à la grotte de pélerinage des catholiques, randonnée qui s'est terminée sous des trombes d'eau !

 Nous avons ensuite partagé le déjeuner au lycée, avant de clôturer le chantier par une réunion-bilan puis une cérémonie d'adieux où les élèves ont montré leurs talents de danseurs !

Afin de terminer le chantier sur une note plus récréative, mais surtout de découvrir des merveilles en termes de patrimoine, de paysage et de culture, nous nous sommes ensuite mis en route pour l'île de Sainte-Marie. Neuf élèves et trois enseignants malgaches nous accompagnaient pour ce temps de découverte.

 

Une nuit à Fenerive Est a permis à une partie du groupe de visiter le projet de collecte des déchets de la ville de Mahambo, projet financé par l'association Marcq Madagascar. Cette visite a notamment permis aux élèves du groupe sentier d'interprétation, ainsi qu'à leur professeur de français, d'observer un des rares projets de collecte de déchets à Madagascar, pour une éventuelle mise en oeuvre à Vavantenina. 

Pendant ce temps-là, le reste du groupe se relaxait – et après tous ces projets menés, c'était mérité – dans la piscine de l'hôtel.

 Le lendemain, après quelques heures de taxi-brousse puis de bateau, nous arrivions sur l'ïle de Sainte-Marie. Nous avons commencé par déjeuner dans une association qui forme les femmes en situation en précaire à la cuisine, afin de les aider à trouver un emploi dans les hôtels et restaurants. Nous y prendrons tous nos repas lors de notre séjour sur l'île de Sainte-Marie.

 Le reste de l'après-midi, le groupe s'est divisé en deux. Un premier groupe a rejoint directement l'hôtel et a profité des joies de la plage : palmes, masque, tuba et à l'eau pour découvrir les coraux et poissons tropicaux. Le deuxième groupe s'en est allé visiter le cimetière des pirates, cimetière abritant les tombes de nombreux forbans et corsaires parmi lesquels La Buse, Thomas White, David Williams, John Avery, Thomas Tew pour ne citer que quelques uns des plus célèbres de ces “écumeurs de mer” qui exerçaient leur activité dans l’océan Indien au début du XVIIIe siècle. Le cimetière des pirates se trouvant sur les hauteurs d'une colline surplombant une mangrove, la visite a également permis aux élèves de découvrir cet incroyable écosystème mis en danger par le réchauffement climatique. Les élèves ont été particulièrement intéressés par les crabes se promenant entre les jambes...

 Le lendemain, la journée était consacrée à une découverte de l'île aux nattes, petit îlot situé au sud de l'île Sainte-Marie, ainsi que des îlots de sable blanc perdus au milieu de l'océan.

Pour ce faire, nous avons allié les plaisirs de la navigation (en bateau à moteur mais également en catamaran) ainsi que de la randonné et du PMT (palmes, masque, tuba).

Les élèves ont pu prendre part à une visite guidée de l'île aux nattes, île préservée de la modernité (pas de voiture ni d'électricité) avant de se baigner dans une eau translucide.

Ils ont ensuite été déposés sur un îlot perdu au milieu de l'océan et ont pu aller admirer les fonds sous-marins.

Après une dernière soirée avec nos amis malgaches, et un karaoké mémorable, nous avons repris le lendemain le chemin du continent. Une fois à Fenerive Est, les neuf élèves malgaches sont repartis à Vavatenina accompagnés par un de leurs professeurs. Trois autres élèves malgaches sont arrivés pour nous raccompagner à Tamatave, où nous devions prendre l'avion le lendemain soir.

 Après un passage express au marché de Tamatave, pour acheter quelques souvenirs, et une dernière soirée à l'hôtel, notre dernière journée à Madagascar était arrivée. Notre vol n'était prévu qu'à 16h30, alors nous en avons profité pour découvrir le canal des Pangalanes. Il s'agit d'un canal de l'est de Madagascar, construit au XXᵉ siècle, et long de près de 700 kilomètres. Il relie Farafangana à Toamasina (Tamatave), ville portuaire constituant son débouché. 

Nous avons navigué quelques heures à bord d'un magnifique bateau, nous nous sommes arrêtés en chemin pour visiter un village de pêcheurs Ambodisaina et nous avons également pu admirer un arbre sacré, lieu de pélerinage important dans la région. Après un repas gargantuesque et une rencontre avec un artisan-fabricant de papier traditionnel, qui nous a initié à sa technique, nous avons pris le chemin de l'aéroport où nous avons fait nos adieux à nos amis malgaches. Mais ce n'est – espérons-le – qu'un au revoir...

 

Perspectives d'avenir :

 Le projet pour l'année 2023-2024 est de faire venir une délégation malgache à Arras (et le projet pour 2024-2025 sera un nouveau chantier à Madagascar).

 Quelques pistes pour le déplacement des malgaches en France :

    Une formation à l'apiculture, puisqu'ils sont demandeurs ;

    Des chantiers aménagement et animation nature ;

    Une rencontre avec les éco-délégués du lycée ;

    Une visite des lieux de collecte de déchets, centres de tri, recycleries, stations d'épuration, etc;

    Des visites culturelles, à Arras mais aussi à Paris puisque bien entendu, ils rêvent de découvrir Paris et sa célèbre tour Eiffel...

 Lors du prochain déplacement à Madagascar, les projets suivants pourront être menés :

    Groupe aménagement : fabrication et installation de bancs pour les amoureux du lycée (demande formulée par les élèves malgaches...!).

    Groupe sentier d'interprétation : formation à la fabrication d'objets réalisés avec des déchets par un artiste malgache, réalisation de papier et d'un herbier sur les plantes locales, avec l'aide de l'artisan/fabricant de papier, travail sur le tri d'ordures et la collecte de déchets (mise en place de bac de tri).

 De son côté l'ACAM a bien travaillé également lors de ce déplacement à Madagascar. Prise de mesures du lycée et de l'école primaire pour différents projets d'électrification. Mais aussi rencontre avec les médecins de l'hôpital pour lister leurs besoins. Le lycée quant à lui a formulé en besoin prioritaire l'aménagement d'une salle de travaux pratiques pour la physique-chimie ainsi qu'un laboratoire de langues avec du matériel multimédia et des ressources de Français Langue Etrangère car le français reste encore un problème pour beaucoup d'élèves.

Pour terminer, une bonne nouvelle : quatre anciens élèves du lycée Manampisoa, des élèves ayant participé dans le passé aux chantiers (et étant venus à Arras), aujourd'hui étudiants à Madagascar, sont en train de créer une association des anciens d'élèves du lycée Manampisoa. Cette association sera l'équivalent de l'ACAM, et nous permettra d'avoir un suivi des différents projets mis en place, ainsi que d'avoir un contact sur place pour mener à distance certains projets. Des collectes de fondsainsi que des demandes de subvention sont à prévoir pour pouvoir mener certains gros projets.

 


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